En 1999, l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé a fait une enquête dans notre pays dont voici quelques chiffres: 23 000 000 de Français sont concernés par un handicap, 7 700 000 présentent un handicap moteur. Accident de voiture, de moto, accident vasculaire cérébral, accident à la naissance, maladies (sclérose en plaque, parkinson, maladies orphelines …), accident du travail sont quelques unes des causes qui peuvent faire de nous des handicapés moteur. Nul n'est à l'abri d'un « accident de la vie » pour soi ou un proche. Soudain la vie bascule. Tout devient difficile. Il peut y avoir la tentation du repli sur soi, de la révolte, du désespoir, du sentiment d'injustice. La vie professionnelle, associative, sociale peut s'interrompre brutalement. Maintenir alors une vie normale, malgré le handicap moteur, devient un combat de chaque jour. D'autant plus que le monde dans lequel nous vivons est surtout fait pour les bien-portants. En Mai 2014, plusieurs centaines de personnes handicapées moteur ont manifesté à Paris avec le slogan suivant: « Liberté, égalité, accessibilité ». Malgré les efforts faits dans notre pays depuis trente ans maintenant, beaucoup d'endroits restent encore difficilement accessibles aux handicapés moteur. Enfin il reste encore trop souvent pour le handicapé moteur un autre handicap à affronter: le regard des autres. Nous avons demandé à Orane, victime d'un Accident Vasculaire Cérébral en 1994, à l'âge de 48 ans, de nous donner son témoignage. Cadre dans une importante banque française, son AVC lui a fait perdre son travail, sa mobilité mais pas sa tête. Voici ce qu'elle nous a écrit:
« Nous sommes ou serons tous amenés, un jour ou l'autre, à croiser une personne handicapée, physique, mentale, en fauteuil ou avec une canne ... À moins que vous ne l'ayez déjà rencontrée et que vous ayez détourné le regard !
C'est de cette façon de faire dont j'aimerais vous parler.
Moi-même handicapée depuis presque 20 ans, je suis, soit sur mes deux jambes avec une canne, soit en fauteuil roulant, selon ma forme physique. Au tout début, je portais une orthèse à la jambe gauche : il s'agit d'une attelle en plastique qui va de sous le genou jusque dans la chaussure qu'il faut trouver assez grande pour y placer cette "chose" ! Elle était apparente, car je portais toujours des leggins... jusqu'au jour où un petit garçon intrigué par ma jambe et le regard plein de questions, s'est avancé vers moi, malgré la main ferme de sa maman qui le tirait fort vers elle. Je me suis arrêtée et j'ai expliqué simplement au petit que "ma jambe ne fonctionne plus toute seule et elle a besoin d'aide". Sa curiosité satisfaite, l'enfant est reparti en me souriant ainsi que sa maman. J'ai alors mis des robes longues, tant elle attirait les regards qui se détournaient souvent.
Pourtant le handicap, est une "maladie" comme les autres sauf qu'il n'en est que la séquelle visible ; et si l'on y réfléchit bien, on se rend vite compte qu'il vaut sans doute mieux ça que la mort ! Ainsi, j'ai la chance de voir encore grandir mes petits enfants...
Aussi n'hésitez plus à regarder dans les yeux un(e) handicapé(e) et avec un sourire c'est encore mieux. Allez à sa rencontre, essayez de lui parler en le (la) saluant puis d'échanger quelques mots : que ce soit sur le temps, ou tout ce qui vous passe par la tête, y compris de son handicap...! Votre comportement doit être celui de l'écoute, de l'échange et de la compassion, surtout pas de la pitié ni de la curiosité, mais de l'intérêt d'un être humain face à un autre être humain, déshumanisé peut-être par la maladie.
Essayez et écrivez au journal ce que vous avez ressenti. »
Pour en savoir plus:
http://www.inpes.sante.fr/sante-handicap/france/statistiques.asp
http://www.apf.asso.fr/
Citations:
« L'homme bon ne regarde pas les particularités physiques mais sait discerner ces qualités profondes qui rendent les gens humains, et donc frères. »
Martin Luther King
« On s'habitue à ses infirmités, le plus difficile est d'y habituer les autres. »
Madame d'Houdetot