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4 janvier 2010 1 04 /01 /janvier /2010 11:08

" Comme remède à la vie en société, je suggère les grandes villes:
c'est le seul désert à notre portée."

 Albert Camus.



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Source photo: Flickr.
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commentaires

J
<br /> Pour Elisabeth F-B et Fa #:<br /> <br /> " C'est le vase qui donne la forme au vide et la musique au silence." ( Réné Char )<br /> <br /> <br />
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E
<br /> Camus est un auteur magnifique.<br /> Pour les couleurs, les paysages.<br /> Pour ce qu'il dit de l'écriture, y compris dans la Peste.<br /> Pour certaines idées et formulations qui semblent tellement évidentes AUJOURD'Hui.<br /> Pour ce qu'il dit de sa mère... et de l'Algérie.<br /> Mais de là à dire que tout coule à la première lecture...<br /> <br /> <br />
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J
<br /> @annemarie<br /> Merci du texte de Camus lorsqu'il reçoit le prix Nobel. Serez-vous samedi à Giroussens?<br /> @Fa#<br /> J'ai très peu lu Camus car il me met mal à l'aise comme Boris Vian d'ailleurs. Je trouve qu'ils ont une vision désespérante de la la vie mais je me demande si ce n'est pas dû au fait que tous les<br /> deux étaient malades et savaient que leur vie ne tenait qu'à un fil. J'ai lu par contre ici et là des textes sur Camus écrits par des "camusiens" et là par contre j'ai toujours trouvé que c'était<br /> intéressant et qu'il faudrait qu'un jour ou l'autre je me mette à le lire pour de bon. Mais pour l'instant je fais comme vous, je vis sans l'avoir vraiment lu. Pour ce qui est de la photo je suis<br /> content qu'elle ait retenu votre attention. Je l'ai trouvé sur le site Flickr que j'aime beaucoup parcourir. Quelque fois une photo, un dessin, une peinture, une caricature en dit plus long qu'un<br /> long discours. Je crois qu'il va encore neiger non ? Prête pour de nouvelles aventures? Au plaisir de vous lire encore.<br /> <br /> <br />
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F
<br /> J'aime cette feuille jaune d'or qui colore le pavé.<br /> Cette lumière se fait présence contre le dur granit qu'elle réchauffe.<br /> <br /> Quant à Camus, jamais lu, ça ne me manque pas.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> un esprit libre<br /> <br /> <br /> ALBERT CAMUS, DISCOURS DE SUÈDE<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> E<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> n recevant la distinction dont votre libre Académie a bien voulu m’honorer, ma gratitude était d’autant plus profonde que je mesurais à quel point<br /> cette récompense dépassait mes mérites personnels. Tout homme et, à plus forte raison, tout artiste, désire être reconnu. Je le désire aussi. Mais il ne m’a pas été possible d’apprendre votre<br /> décision sans comparer son retentissement à ce que je suis réellement. Comment un homme presque jeune, riche de ses seuls doutes et d’une œuvre encore en chantier, habitué à vivre dans la<br /> solitude du travail ou dans les retraites de l’amitié, n’aurait-il pas appris avec une sorte de panique un arrêt qui le portait d’un coup, seul et réduit à lui-même, au centre d’une lumière<br /> crue ? De quel cœur aussi pouvait-il recevoir cet honneur à l’heure où, en Europe, d’autres écrivains, parmi les plus grands, sont réduits au silence, et dans le temps même où sa terre<br /> natale connaît un malheur incessant ?<br /> <br /> <br /> J’ai connu ce désarroi et ce trouble intérieur. Pour retrouver la paix, il m’a fallu, en somme, me mettre en règle avec un sort trop généreux. Et,<br /> puisque je ne pouvais m’égaler à lui en m’appuyant sur mes seuls mérites, je n’ai rien trouvé d’autre pour m’aider que ce qui m’a soutenu, dans les circonstances les plus contraires, tout au long<br /> de ma vie : l’idée que je me fais de mon art et du rôle de l’écrivain. Permettez seulement que, dans un sentiment de reconnaissance et d’amitié, je vous dise, aussi simplement que je le pourrai,<br /> quelle est cette idée.<br /> <br /> <br /> Je ne puis vivre personnellement sans mon art. Mais je n’ai jamais placé cet art au-dessus de tout. S’il m’est nécessaire au contraire, c’est qu’il<br /> ne se sépare de personne et me permet de vivre, tel que je suis, au niveau de tous. L’art n’est pas à mes yeux une réjouissance solitaire. Il est un moyen d’émouvoir le plus grand nombre d’hommes<br /> en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes. Il oblige donc l’artiste à ne pas s’isoler ; il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle. Et<br /> celui qui, souvent, a choisi son destin d’artiste parce qu’il se sentait différent, apprend bien vite qu’il ne nourrira son art, et sa différence, qu’en avouant sa ressemblance avec tous.<br /> L’artiste se forge dans cet aller-retour perpétuel de lui aux autres, à mi-chemin de la beauté dont il ne peut se passer et de la communauté à laquelle il ne peut s’arracher. C’est pourquoi les<br /> vrais artistes ne méprisent rien ; ils s’obligent à comprendre au lieu de juger. Et, s’ils ont un parti à prendre en ce monde, ce ne peut être que celui d’une société où, selon le grand mot<br /> de Nietzsche, ne régnera plus le juge, mais le créateur, qu’il soit travailleur ou intellectuel.<br /> <br /> <br /> Le rôle de l’écrivain, du même coup, ne se sépare pas de devoirs difficiles. Par définition, il ne peut se mettre aujourd’hui au service de ceux qui<br /> font l’histoire : il est au service de ceux qui la subissent. Ou, sinon, le voici seul et privé de son art. Toutes les armées de la tyrannie avec leurs millions d’hommes ne l’enlèveront pas à la<br /> solitude, même et surtout s’il consent à prendre leur pas. Mais le silence d’un prisonnier inconnu, abandonné aux humiliations à l’autre bout du monde, suffit à retirer l’écrivain de l’exil,<br /> chaque fois, du moins, qu’il parvient, au milieu des privilèges de la liberté, à ne pas oublier ce silence et à le faire retentir par les moyens de l’art.<br /> <br /> <br /> Aucun de nous n’est assez grand pour une pareille vocation. Mais, dans toutes les circonstances de sa vie, obscur ou provisoirement célèbre, jeté<br /> dans les fers de la tyrannie ou libre pour un temps de s’exprimer, l’écrivain peut retrouver le sentiment d’une communauté vivante qui le justifiera, à la seule condition qu’il accepte, autant<br /> qu’il peut, les deux charges qui font la grandeur de son métier : le service de la vérité et celui de la liberté. Puisque sa vocation est de réunir le plus grand nombre d’hommes possible, elle ne<br /> peut s’accommoder du mensonge et de la servitude qui, là où ils règnent, font proliférer les solitudes. Quelles que soient nos infirmités personnelles, la noblesse de notre métier s’enracinera<br /> toujours dans deux engagements difficiles à maintenir — le refus de mentir sur ce que l’on sait et la résistance à l’oppression.<br /> <br /> <br /> Pendant plus de vingt ans d’une histoire démentielle, perdu sans secours, comme tous les hommes de mon âge, dans les convulsions du temps, j’ai été<br /> soutenu ainsi par le sentiment obscur qu’écrire était aujourd’hui un honneur, parce que cet acte obligeait, et obligeait à ne pas écrire<br /> seulement. Il m’obligeait particulièrement à porter, tel que j’étais et selon mes forces, avec tous ceux qui vivaient la même histoire, le malheur et l’espérance que nous partagions. Ces hommes,<br /> nés au début de la première guerre rnondiale, qui ont eu vingt ans au moment où s’installaient à la fois le pouvoir hitlérien et les premiers procès révolutionnaires ont été confrontés ensuite,<br /> pour parfaire leur éducation, à la guerre d’Espagne, à la deuxième guerre mondiale, à l’univers concentrationnaire, à l’Europe de la torture et des prisons, doivent aujourd’hui élever leurs fils<br /> et leurs œuvres dans un monde menacé de destruction nucléaire. Personne, je suppose, ne peut leur demander d’être optimistes. Et je suis même d’avis que nous devons comprendre, sans cesser de<br /> lutter contre eux, l’erreur de ceux qui, par une surenchère de désespoir, ont revendiqué le droit au déshonneur, et se sont rués dans les nihilismes de l’époque. Mais il reste que la plupart<br /> d’entre nous, dans mon pays et en Europe, ont refusé ce nihilisme et se sont mis à la recherche d’une légitimité. Il leur a fallu se forger un art de vivre par temps de catastrophe, pour naître<br /> une seconde fois, et lutter ensuite, à visage découvert, contre l’instinct de mort à l’œuvre dans notre<br /> <br /> <br /> <br />
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