« (…) Le rapport entre temps et dette, prêt d'argent et appropriation du temps par celui qui prête est connu depuis des siècles. (…) Au Moyen-Age, (…) on voyait (…) très bien sur quoi portait le « vol » de celui qui prêtait de l'argent et en quoi consistait sa faute : il vendait du temps, quelque chose qui ne lui appartenait pas et dont l'unique propriétaire était Dieu. (…) « Que vend l'usurier, en effet, sinon le temps qui s'écoule entre le moment où il prête et celui où il est remboursé avec intérêts ? Or, le temps n'appartient qu'à Dieu. » (…) « Les usuriers pêchent contre nature en voulant faire engendrer de l'argent par l'argent comme un cheval par un cheval ou un mulet par un mulet. De plus, les usuriers sont des voleurs car ils vendent le temps qui ne leur appartient pas et vendre un bien étranger, malgré son possesseur, c'est du vol. En outre, comme ils ne vendent rien d'autre que l'attente de l'argent, c'est à dire le temps, ils vendent les jours et les nuits. Mais le jour, c'est le temps de la clarté, et, la nuit, le temps du repos. Par conséquent, ils vendent la lumière et le repos. Il n'est donc pas juste qu'ils aient la lumière et le repos éternel. » (...) »
Source: "La dette ou le vol du temps" par Maurizio Lazzarato en page 28 du Monde diplomatique N°695 de Février 2012.
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