" Et l'Éternel dit à Caïn: Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu?"
"L'Éternel dit à Caïn: Où est ton frère Abel? Il répondit: Je ne sais pas; suis-je le gardien de mon frère?"
Max est le jeune frère de Guillaume. Deux ans les séparent mais depuis leur enfance ils sont très complices, très unis et ne peuvent vivre l'un sans l'autre au point que l'on dirait parfois qu'ils sont jumeaux. Ils ont deux grandes soeurs plus âgés qu'eux. Jusqu'à maintenant on avait l'impression qu'il n'y avait aucune rivalité entre eux mais en réalité tout n'est pas au "top" actuellement et on dirait que le passage de l'adolescence à l'âge adulte leur pose quelques problèmes. Max s'en est ouvert par écrit à son oncle Pierre qui m'a fait parvenir un extrait de la lettre de son jeune neveu.
(...) " Aujourd'hui mon père a dit " Je trouve Guillaume triste"... Ma soeur Emma, pour qu'on l'écoute, a fait mine de savoir ce qui se passait en affirmant que son mal être venait du manque d'attention qu'il lui portait. FAUX. En voulant bien faire elle a provoqué un deuxième malaise: mon père s'est crû responsable et s'est remis en question l'instant d'une seconde (même si ça a été bref ça lui a traversé l'esprit et ça lui retraversera). D'autant plus qu'il se conduit tout a fait normalement avec Guillaume, de la même manière qu'il se conduirait avec mes soeurs ou moi.
Cela fait bien assez longtemps que j'observe mon frère, et tous ceux qui m'entourent aussi d'ailleurs, pour savoir que son véritable problème est qu'il est MON frère. Au delà des " délires " qu'on a pu avoir ensemble, des bêtises qu'on a faites ensemble, des voyages qu'on a faits ensemble, depuis notre plus jeune âge, depuis qu'on est tout petit, tout ce qu'il voit c'est le mal. Pas tout le temps heureusement mais apparament suffisament pour que mon père s'en rende compte. Et des fois je suis certains qu'il m'en veut parce que je suis sûrement à l'origine de ce mal. Quand lui il est discret et timide il me voit m'entendre avec tout le monde et parler avec tout le monde, quand il est seul ou que ça se passe mal avec une fille ou qu'il fait pas assez la fête, il me voit refuser des soirées tellement j'en ai de prévues, envoyer balader des filles tellement je m'en lasse, et surtout quand il sait plus quoi dire il voit l'Amour qu'il y a dans le regard des gens à qui je parle.. Pourquoi il éprouve de la jalousie alors que je suis son frère depuis 18ans ? Pourquoi il m'en veut d'être devant lui alors que j'ai toujours partagé mes amis quand j'ai vu qu'il n'en avait pas," branché " des copines quand j'ai vu qu'il était trop seul ?... Pourquoi il ne m' a jamais parlé de tout ça? Pas besoin de paroles en tout cas pour que je m'en rende compte mais si il n'y en a pas c'est bien la preuve que ça fait diablement plus de mal que je ne veux l'admettre...
Alors qu'est ce que je dois faire? Arrêter de m'amuser devant lui? ou du moins jamais plus que lui? Arrêter de lui parler de ma vie, du lycée, des filles, des dernières bêtises que j'ai faites? Arrêter de partager avec lui...? Arrêter d'être son frère en quelque sorte! Des fois c'est ce que je me dis, et ce n'est pas faute d'avoir essayé, pendant toute une période j'ai presque abandonné la plupart des amis qu'on avait en commun. Comme des objets que je confiais à mon frère. Je m'en suis trouvé d'autres, j'ai fait des tonnes de nouvelles rencontres, dix fois cent fois mille fois plus fructueuses que celles d'auparavant. Cette période je ne la regrette absolument pas mais ce que j'ai regretté alors c'est de ne plus rien partager avec mon frère. Les seules soirées qu'on faisait encore ensemble c'était sous la demande de mes "anciens potes" qui étaient peinés de plus me voir. Et je ne faisais rien dans ces soirées car je n'y allais pas avec le coeur, je restais dans un coin et je regardais mon frère s'amuser. Jusqu'au jour où le groupe s'est carrément décomposé, il y a eu petit à petit tout le monde qui partait de son côté, quelques histoires aussi qui ont monté les uns contre les autres... Et en deux trois mouvements on est passé de la soirée hebdomadaire à la soirée mensuelle ...Ô on se voit encore tous lors des fêtes incontournables : fêtes de villages, feria, fêtes foraines.. mais en dehors il n'y a plus le groupe qu'on avait formé au départ qui partageait tous les week end ensemble. Le bon côté de cette expérience c'est que les VRAIS amis se sont distingués des autres. Sarah puis Georges sont restés fidèles toujours en train d'appeler pour savoir ce que l'on fait de nos week end, toujours en train de faire le maximum pour nous voir en passant parfois plus de temps chez nous que chez eux.. mais c'est bien peu comparé au groupe soudé qu'on avait avant. Et j'ai fini par me dire que ce n'était pas la bonne solution, même si c'était qu'une expérience elle avait duré trop longtemps. J'ai pas assez profité du moment où le groupe était à son apogée et j'ai pris le risque de passer à côté de personnes formidables qui auraient finies par me laisser partir de mon côté sans rien y comprendre.
Alors j'en suis venu à me poser des questions sur la véritable origine de ce mal être, à y réfléchir plus objectivement, et j'ai découvert que ce qui le gène le plus c'est les discussions avec ce que j'appelle des "virus", des petits organismes très petits qui ont un pouvoir de destruction énorme, bref les "faux amis", les " vrais faux copains" qui sèment le poison dans le coeur de mon frère. Ces discussions ça ressemble à ça : "Guillaume, comment ça se fait que ton petit frère Max bien qu'il soit plus petit qe toi s'amuse plus que toi et soit plus dégourdi que toi? Est ce que tu trouves ça normal?" et si on ne se couvre pas de ces virus on attrape mal parce que ces discussions reviennent sans cesse et sans cesse dans notre tête. Et les arguments ne manquent pas quand on est un " virus"... "Tu emmène ton frère partout dès qu'il a une soirée, dès qu'il te le demande.. tu passes pour un c... avec lui!" ou encore "T'as vu tout ce que tu lui payes, et lui il te paye quoi?". C'est vrai que je me suis trop souvent reposé sur ses épaules, parce que je croyais que c'était mon grand frère, celui à qui on peut tout demander sans que ça le dérange. Maintenant j'essaye de plus du tout le faire et quelque part ça me fait grandir, mais en tout cas, lui, il peut me demander n'importe quoi je serai toujours là, parce que je suis son petit frère. Et moi je suis immunisé contre ces virus de m... Je me laisse pas étourdir par "les néons du manège", il est libre Max, et si son frère attrappe le cancer de la jalousie faute de remède contre les "virus", Max n'oubliera pas les 18 meilleures années de sa vie qu'il lui doit.
Si je pouvais dialoguer aujourd'hui de ça avec avec mon grand frère je lui dirai que la nature nous a fait différent et que c'est inutile d'essayer d'adopter des comportements artificiels qui ne collent pas avec nos personnalités, tu es comme ça, je suis comme ça et on est des frères. Plus il y aura de fraternité entre nous plus on sera fort, pas le contraire. Papa nous disait tout le temps quand on était petit, les vrais frères qui s'entendent sont plus puissants que les plus puissant des rois. Les autres seront nos sujets si on reste ensemble. Tu dois t'aimer comme tu es, si tu te poses sans cesse des questions et que t'essayes de rentrer dans le corps d'un autre à cause des "virus", tu perdra ton temps et tu finiras par le regretter. Moi je te trouve excellent comme tu es aujourd'hui, tu es un exemple dans beaucoup de domaine et je te demande de ne pas changer parce que j'ai pas envie que nos relations changent. Laisse ton coeur former ta propre personnalité, soit ton propre Dieu. "...et dans les moments difficiles, souviens-toi que le plus beau des chênes était au commencement un gland comme toi..." (...) "
Max le dimanche 5 août 2007
André Lugardon.