«Tous les hommes ont les même droits... Mais du lot commun, il en est qui ont plus de pouvoirs que d’autres, là est l’inégalité.»
Cette phrase d'Aimé Césaire s'est toujours révélée comme une vérité universelle et intemporelle mais qui revêt des formes plus ou moins fortes et dommageables suivant les lieux et les époques.
Force est de noter que la constante demeure, que ceux qui ont plus de pouvoirs ou de biens que d'autres ne s'accommodent pas vraiment du bien être général et de l'intérêt collectif. Le chemin pour construire une société juste, humaine et le plus équitable possible est toujours long, difficile, plein d'embûches et toujours précaire. Nous étions parvenus à construire une société solidaire ce qui manifestement est insupportable à ceux qui ne vivent que du profit et n'ont pour objectif que la rentabilité. Ce sont ceux là qui ont trop souvent dirigé le monde et le dirigent plus que jamais et qui font le malheur des plus faibles de plus en plus nombreux pour un enrichissement sans limites des plus forts.
Les soubresauts actuels qui agitent le monde en sont chaque jour le témoignage. Les scandales se multiplient et portent la preuve de plus en plus irréfutable que c'est bien l'avidité et les égoïsmes particuliers qui prédominent.Oui il faut remettre de la moralité dans le monde politique mais pas seulement dans le monde politique et pas seulement de la moralité. Il faut revenir à l'intérêt général, il faut redonner les conditions d'une vraie solidarité, d'une vraie fraternité. Ceci ne passe pas par la stigmatisation de populations, par leur exclusion, par leur rejet. Ceci ne se fait pas en protégeant les plus riches, en construisant nos sociétés sur le pouvoir de la Finance.
Les hommes et femmes du monde politique réclament à chaque affaire, qui n'aboutit jamais vraiment d'ailleurs, de pouvoir bénéficier de la présomption d'innocence. Sans doute est-ce légitime. Mais accorde t-on la même présomption d'innocence aux populations montrées du doigt ? Ce sont les Roms, accusés de ne pas vouloir s'intégrer, une accusation sans doute vraie pour certains mais qui du coup s'applique à tous et une accusation peut être un peu rapide aussi si on ne leur donne pas la possibilité de s'intégrer. Ce sont les plus pauvres, que l'on ne veut pas, en refusant des logements sociaux. Ici, il n'y a pas cette volonté d'en construire. Que penser d'élus qui préfèrent conforter et rassurer leurs éventuels électeurs dans des comportements égoïstes et intéressés en préférant ne pas appliquer la loi et en créant au final des zones de non droits. Le rôle d'un élu n'est-il pas avant tout de faire valoir les droits de chacun certes, mais de tous aussi et d'assurer l'application des lois? A quoi servent les lois si elles ne sont appliquées que lorsque cela arrange ? Ceux qui ont besoin de logements sociaux sont-ils des délinquants en puissance ou des citoyens honorables qui devraient pouvoir se loger autant que d'autres où ils sont nés, où ils vivent et où ils travaillent. N'ont-ils pas droit aux aussi à bénéficier de la présomption d'innocence et de ne pas être soupçonnés arbitrairement avant d'avoir commis le moindre délit ?
Que penser d'élus qui ne luttent pas vraiment contre les paradis fiscaux, y ont recours pour certains, qui privilégient d'appauvrir encore plus ceux qui ne possèdent que le fruit de leur travail, qui ne cessent de donner des leçons de morales et stigmatisent aussi les assistés sociaux rendus coupables d'appauvrir le pays avec leurs maigres aides ? Oui il faut revenir à plus d'équité, de partage et de solidarité mais cela ne passe pas par le déballage indécent des fortunes de nos élus mais par des choix politiques plus justes, recentrés sur l'intérêt général pour l'ensemble des populations et de leur environnement, libérés des dictats de la finance, de la rentabilité et du profit. On n'entend parler que de courage politique. Où est le courage lorsque les décisions prises ne cessent de cibler les populations, creusant les injustices et les inégalités. Est-ce cela le courage politique ? Est- ce cela travailler pour l'intérêt général ? Le courage politique ne serait-il pas plutôt de s'attaquer enfin aux paradis fiscaux, de réduire enfin tous les privilèges indécents dont bénéficient les plus nantis au lieu de grappiller ici et là les rares petits avantages du citoyen lambda? Les populations perdent confiance, ne croient plus en leurs dirigeants parce que trop nombreux sont ceux qui sont laissés au bord de la route et n'ont plus la possibilité d'envisager un avenir décent pour eux et leur famille. Si les politiques veulent retrouver confiance et crédibilité c'est en faisant confiance à tous et en redonnant à chacun une juste place, pas en étalant sur la place publique leur patrimoine.
"Sous un bon gouvernement, la pauvreté est une honte; sous un mauvais gouvernement, la richesse est aussi une honte." Confucius
«C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches» Victor Hugo
« La pauvreté n'est pas naturelle. C'est l'homme qui la crée et elle peut être vaincue » Nelson Mandela
Marie du Bassin d'Arcachon.
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