Dans mon enfance 80% de la population française vivait à la campagne, 20 en ville. Il y avait alors plus de 10 millions de paysans. Ce n'était pas le paradis. Les conditions de vie étaient dures surtout pour les métayers. Aujourd’hui 80% de la population vit en ville. Il y aurait moins de quatre cents mille exploitants agricoles.
Les gitans, les roms, les romanichels, les tziganes de mon enfance qui pouvaient faire des travaux saisonniers du type vendanges, ramassage de fruits, tomates, haricots, melons ont été remplacés par les machines à vendanger et les saisonniers polonais. Ils avaient libre accès aux décharges publiques et recyclaient les métaux. Aujourd’hui les déchetteries leur sont d’un accès plus difficile. Ils ont du mal à exercer les petits métiers d'autrefois: rempailleurs de chaises, vendeurs de paniers, rétameurs, rémouleurs. Le tout plastique fait partie désormais de notre vie quotidienne: ça ne se répare pas ça se jette.
L’Europe s’est construite sur la libre circulation des biens et des personnes et des capitaux. Veut-on vraiment maintenant une Europe où certains pourront circuler librement et d'autres pas? Les Roms font pourtant partie de l'Europe.
Maintenant qu’il y a tant de personnes qui perdent leur emploi le discours se durcit à nouveau à leur égard. Ils ne sont pourtant pas responsables de la situation actuelle. Quand ils peuvent se sédentariser, scolariser leurs enfants, ils le font du moins pour le plus grand nombre d'entre eux.
Aucun d’entre eux n’est maire, député, sénateur, banquier, patron. Aucun ne dirige notre pays, l’Europe. J’espère que l’on va se calmer à leur égard et arrêter d’en faire les boucs émissaires de nos peurs et de nos difficultés.
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