Trop jeune pour ça…
Un enfant de cinq ans, élève en maternelle à Massy, n'a pas pu entrer en classe mardi matin. Il portait un maillot de football du Portugal. L’inspection d’Académie de l’Essonne a quand même précisé que, finalement, il avait été accepté. Sans doute après de longues discussions. Les parents avaient été avertis par les enseignants de l’école qu’il n’était pas souhaitable que les élèves viennent en classe dans ce type de tenue, a expliqué la directrice d'académie adjointe de l'Essonne afin d’éviter des « rivalités entre les enfants ». On se pince. « Nike » ou « Adidas », ça passe, mais pas de couleurs nationales. Jusqu’où ira se nicher la marchandisation du monde ?
François ERNENWEIN
C'est ce qu'on pouvait lire sur le blog de la rédaction en chef du journal La Croix le 24 juin 2010.
Si on peut plus parler foot en maternelle!
C'était mardi matin, à quelques heures du match France-Afrique du Sud, qui s'est achevé comme on sait. Mathis, cinq ans, est arrivé fier comme Artaban, à l'école maternelle de Massy dans l'Essonne, portant un flambant maillot rouge de l'équipe de foot du Portugal. Le pauvre supporter a été refoulé! Sa mère a raconté ses larmes quand il a su qu'il ne pouvait entrer en classe. Selon l'inspection académique, il a fini par être admis. Mais les enseignants de l'école avaient prévenu les familles: pas de maillot pendant la coupe du monde de football, "pour ne pas créer de rivalités entre enfants!" Mais dans quel pays vit-on, où l'on interdit aux mômes de s'amuser et où les adultes s'affolent pour un jeu de mômes? Y compris au plus haut sommet de l'état?
C'est ce qu'a écrit Pascale Vergereau dans "Ouest France" le vendredi 25 juin 2010.
Il y a deux ans encore j'étais instit et qui plus est instit en maternelle. Je trouve que ces deux réactions différentes de journalistes professionnels sont une illustration, le reflet, le miroir de notre époque. Une méconnaissance de la réalité " du terrain" et des difficultés d'enseigner d'aujourd'hui. Une utilisation d'un fait réel pour donner un point de vue "critique" qui complique la vie de ceux et celles qui sont confrontés aux réalités de la vie d'aujourd'hui en remettant en cause leur autorité. Oui il y a des rivalités d'enfants à l'école et hélas pas que pour des tenues vestimentaires. Oui il y a une marchandisation du monde et l'école n'y échappe pas. Tout est bon pour la critiquer et la mettre en difficultés. Surtout l'école publique. Mais certaines écoles privées sous convention n'échappent pas non plus à ce climat là. Je pourrai citer le nom d'une école privée sous convention entièrement détruite par un incendie volontaire allumé par un de ses élèves. Aucun média national n'en a parlé. Oui dans une école on ne peut pas tout faire et laisser tout faire. Et s'il est interdit d'interdire et si bien sûr il faut respecter la liberté d'informer et de critiquer, il faudra bien aussi à un moment ou à un autre accepter un minimum de règles communes pour vivre ensemble sinon et bien nous continuerons à aller de difficultés en difficultés. Et puisqu'à mon tour j'ai la possibilité d'écrire et de m'exprimer sur l'école je souhaiterais qu'elle soit un sanctuaire à l'abri des tourmentes extérieures et des modes de toutes sortes où les enfants puissent apprendre à grandir dans le respect de l'autre à l'abri des vendeurs de bonheurs pédagogiques illusoires, où ils puissent apprendre à apprendre dans une saine émulation. Je souhaiterais enfin que les maîtres soient remis au coeur du système éducatif et qu'on leur permette de faire correctement leur boulot. La grande majorité d'entre eux n'aspirent qu'à ça.
Photo Flickr.
